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   Jean Luc Boiré est né dans la Sarthe dans les années soixante. L’enfance le place d’emblée dans un entre-deux, entre campagne et ville, entre la ferme familiale quittée très tôt (et dans laquelle on revient régulièrement) et la vie quotidienne en banlieue parisienne.  Enfance dans laquelle dessiner est très vite présent. Le dessin, vécu comme un don, est déjà essentiel.

   Cet entre-deux sera espace de fragilité, de mouvement et de création entre son parcours professionnel et artistique. Il fécondera des tensions créatrices : entre nature et culture, entre image et texte, entre vie et mort, entre dessin et peinture…

   Après quelques années d’études post-bac (Architecture et Arts Décos) et des débuts professionnels dans le graphisme, il fait le choix d’un chemin moins balisé et plus personnel qui sera son fil rouge : le métier d’illustrateur. Un choix dicté par l’exigence de « vivre du dessin » et de prendre le risque de réaliser ses rêves ; c’est-à-dire de s’aventurer sur les terres encore lointaines et incertaines de la création. Le parcours sera bien sûr semé de contraintes, de renoncements (notamment à la bande dessinée), de choix, de compromis, de libertés et d’avancées. Le travail d’illustration sera un tremplin pour le travail artistique. Le dessin creuse le rapport au monde et « devenir peintre » se fait dans l’exigence du labeur, le goût du travail technique et formel et la fidélité à soi-même. Le lieu de l’épanouissement et du contact avec le réel est la peinture : elle exprimera la fragilité de l’humain et de la vie, elle donnera à voir la présence et la lumière.

   La reprise d’études supérieures pour l’obtention d’une licence afin d’accéder au métier d’enseignement, puis un master à l’université de Saint Etienne au début des années 2000, inscriront un passage initiatique et des transformations attendues. La réflexion théorique renouvellera le regard porté sur l’art et l’identité de l’artiste. L’enseignement, autre fil rouge, en sera enrichi.  

   Depuis, avec l’arrivée de la couleur, le travail exigé par la peinture se poursuit et s’épure, gagne en liberté et semble franchir une frontière. Ensemble, le dessinateur et le peintre se sont penchés sur les objets et les vies les plus simples pour donner naissance à une « langue » de couleur, de matière et de lumière…

                                                                                                                        Anne JUGE